Üüreg Nuur, détente et déménagement

 

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La nuit fût bonne et nous sommes prêts pour cette longue journée de route. Nous roulons en direction du Lac d’Üüreg ou Üüreg Nuur où nous resterons quatre jours avant de rentrer en avion sur Oulan-Bator. C’est notre dernier long trajet en voiture.

Nous faisons une pause gourmande chez un cousin d’Amankyeld, notre chauffeur, dans un village où se trouve une exploitation de charbon. A notre arrivée nos ventres qui commencent à gargouiller sont accueillis par une table énoooorme remplie de petites notes sucrées. Ce sera une pause déjeuner en mode « goûter » me dis-je. On arrive à peine à voir la couleur de la nappe ! Après quelques minutes à se (me ?) délecter de tous ces petits biscuits devant la télé qui diffuse les feux de l’amour version kazakhe, nous voyons un énorme plat de viande arrivé sur la table : le repas, le vrai ! Un Bes Barmack ! Quel naïf ! Pourtant Ambre m’avait prévenu et Amankyeld n’avait mangé que cinq beignets avec son thé au lait. Il y avait des signes avant-coureurs. Sagesse et expérience. Moi j’ai déjà le ventre bien rempli, pourtant va falloir s’y remettre.

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Üüreg Nuur, un lac bordé par les montagnes

Notre digestion se fera sur les derniers kilomètres qui nous séparent du lac. C’est une fois passé le dernier col que nous l’apercevons. Bleu turquoise, posé là, entouré de montagnes dont une partie fait office de frontière avec la Russie. Nous sommes d’ailleurs à 300 kilomètres à vol d’aigle de Sayanogorsk en Sibérie, où nous avons séjourné début mai.

C’est un lac peu connu mais qui a la particularité d’être fréquenté par des familles nomades kazakhes ET mongoles. Quand nous entamons notre descente, on devine une yourte ou deux au loin sur la rive sud mais il n’y a pas un brin de verdure. Nous sommes un peu tôt dans la saison et nous imaginons que tout sera plus verdoyant en été.

Finalement la famille nomade qui nous accueille est installée à l’opposée sur l’autre rive au pied des montagnes. L’endroit est plus clément avec davantage de végétation et un petit ruisseau au pied de notre yourte. Le cadre est magique et encore une fois bien différent de ce qu’on a pu voir. L’eau du lac est transparente, d’un bleu très clair avec tout autour des montagnes arides et sableuses. En fond de décor, des sommets encore enneigés. Le tout baignant dans un soleil radieux.

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C’est par où chez nous ? De l’autre côté du lac !
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HOME SWEET HOME

En tout est pour tout ce sont peut-être huit yourtes qui sont installées sur la totalité du rivage. Notre premier voisin est à 400 mètres. Pas embêtés par le voisinage. Un peu plus par les animaux avec deux chiens qui aboient non-stop du coucher au lever de soleil et les vaches qui viennent brouter tout autour de notre yourte. Ça ne nous empêche pas de bien dormir, même quand une petite musaraigne vient mettre le bazar dans la yourte juste au moment où l’on s’endort…

Le deuxième jour, nous partons avec Amankyeld et notre hôte, qui est également le garde forestier du parc naturel qui entoure le lac. A bord de notre 4×4 nous longeons le rivage pour arriver à un point de vue au-dessus du lac. Du haut des falaises, qui nous font penser à celles de la côte d’Albâtre en Normandie mais en beaucoup plus petites, l’eau est transparente et on devine les poissons.

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– Tu vois là ? c’est des poissons     – Aaaaah….

Quelques minutes plus tard, on reprend la route mais cette fois ci en s’éloignant du lac pour s’enfoncer dans les montagnes toutes proches. A vrai dire, on ne sait pas trop ce que notre guide nous a concocté comme programme mais on se laisse porter. Peu de temps après le 4×4 ne pouvant plus continuer on se gare pour continuer à pied. Il sort de la voiture et scrute le versant de la montagne en face de nous. Une fois qu’il a sorti sa longue vue, on comprend qu’il a pour objectif de repérer des animaux. Armés de nos jumelles nous faisons pareil et nous apercevons quelques secondes plus tard un troupeau d’Ibex de Sibérie. Un animal ressemblant à un chamois avec des cornes très volumineuses. On commence par en voir une trentaine à 800 mètres de distance. Nous profitons de la longue vue pour pouvoir les admirer tranquillement. On ne s’attendait pas à ça et c’est un plaisir d’être dans la nature à admirer les animaux sauvages.

Au bout de plusieurs minutes, nous démarrons une randonnée pour s’enfoncer davantage entre les deux montagnes. Ayant des problèmes de hanches et pouvant difficilement marcher, Amankyeld reste paisiblement auprès de sa voiture qu’il bichonnera à l’aide d’un chiffon micro fibre comme à son habitude. Nous suivons notre guide qui marche d’un bon pas sur un terrain rocailleux. Il ne s’agit pas vraiment d’un chemin mais plutôt d’une gorge où coule une rivière. D’ailleurs plus on avance et plus cette rivière s’élargit et devient glacée. Par endroits on peut entendre l’eau couler en dessous. A deux reprises pendant notre trajet, nous nous arrêtons pour contrôler des balises placées à des endroits stratégiques. Il s’agit d’un boîtier en ferraille noir abritant une caméra qui enregistre automatiquement lorsqu’il y a un mouvement. Pour le premier check-point aucune image intéressante, mais au deuxième notre guide est fier de nous montrer la photo enregistrée par la caméra. Et pour cause ! on peut apercevoir une PANTHERE qui marche sur la rive qui se situe en face de nous. Choqués ! Il nous explique qu’il s’agit d’une panthère des neiges et qu’on peut en trouver dans le parc naturel. On est aussi rassurés quand il nous explique qu’on ne pourra pas en voir en journée ! Dommage haha !

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Marche sur la rivière gelée avec en fond la cascade …. gelée elle aussi !

Au bout de deux heures de marche, on se retrouve au pied de la cascade qui est encore une fois totalement gelée. Nous marchons sur une épaisse couche de glace et en dessous on entend toujours couler l’eau. Le spectacle est vraiment beau. Après quelques temps à l’admirer nous redescendons la rivière pour rejoindre Amankyeld. Nous avons la chance de pouvoir à nouveau observer des Ibex de Sibérie ainsi qu’un arbre criblé de griffures. Des panthères sont passées par là pour se faire les griffes. Un arbre à chat version XXL ! Nous rejoignons notre 4×4 tout brillant pour retourner au campement. L’après-midi sera consacrée à se relaxer au bord du lac avant de rentrer admirer le magnifique coucher de soleil. Encore une belle journée !

Les journées suivantes seront plus reposantes. Au programme petit déjeuner dans la yourte, farniente avec l’adorable chiot du campement, baignade dans l’eau gelée du lac, lecture, écriture, bref un bon rythme de vacances.

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Quand tu essayes de prendre un chiot en photo …

Dernier jour, petit déjeuner silencieux, on sait que c’est bientôt la fin. En ouvrant notre porte nous aperçevons un petit groupe qui s’agite au loin. Vu d’ici, on dirait que ça construit une nouvelle yourte ! Génial, nous en rêvions d’un déménagement mongole ! Il s’agit effectivement d’une famille nomade venant s’installer à 300 mètres de la nôtre. En vérité, ce sont nos voisins qui ont un campement avec plusieurs yourtes et qui souhaite déplacer leur habitation pour être un peu plus à l’écart. A peine eu le temps pour eux de mettre la structure périphérique que nous voilà à échanger des « hello ! » « can we help you ? ». C’est avec de grands sourires qu’ils acceptent volontiers. Faut dire qu’avec l’engouement qu’on avait on devait être convaincant ! On se retrouve à six à monter cette yourte en 3h de temps. C’est très intéressant car il y a des distinctions avec les yourtes kazakhes qui sont plus grandes et différemment décorées.

Après le travail, vient le réconfort avec une bonne baignade rafraîchissante partagée avec le fils de la famille. Il nous fera mourir de rire avec son style bien particulier pour nager le crowl, bien sûr on gardera ça pour nous, on ne voudrait pas le vexer ! A peine le temps de dire ouf qu’il est déjà séché et rhabillé pour remettre de l’ordre dans son troupeau qui se faisait la malle pendant ce temps-là. Etant proche d’une famille avec un autre troupeau, il faut rester attentif en permanence pour que les deux ne fusionnent pas. Exercice assez compliqué puisque les deux pâturent au même endroit. Je n’imagine même pas le boulot pour que chacun retrouve ses bêtes si les deux troupeaux venaient à se mélanger… !

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Construction de la yourte étape par étape ! 

Nous rejoindrons plus tard cette même famille pour partager un bon thé au lait dans la yourte fraîchement construite tout en feuilletant leurs albums photos. Les échanges restent basiques car il est difficile de communiquer mais l’accueil est chaleureux et naturel chez cette famille mongole. On s’y sent comme à la maison. Bien que la yourte ne soit installée que depuis quelques heures, il y a déjà une belle pagaille qui donne l’impression d’être en place depuis un petit moment ! Après une photo souvenir devant la yourte et des remerciements pour ce moment partagé, nous prenons congés pour rejoindre notre campement. Pour notre dernière journée avant le retour sur Oulan-Bator, on ne pouvait pas rêver mieux. Une belle rencontre avec cette famille et un moment en toute simplicité.

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Photo souvenir avec toute la famille après avoir fini de construire la yourte. Trop fiers et heureux d’avoir pu participer !

Nous terminons cette journée avec un magnifique coucher de soleil. On l’apprécie d’autant plus que c’est le dernier jour de notre périple. On est heureux d’avoir vécu ces belles journées et en même temps un peu triste de laisser derrière nous ces beaux paysages.

Demain changement de décor : retour à la capitale, Oulan Bator.

Le lendemain, nous roulons deux trois heures avant de déjeuner chez un ami d’Amankyeld à Ulaangom. Notre avion est à 18h mais nous sommes déjà à l’aéroport à 15h00. Apparemment il faut être large d’après les quelques mots et gestes que nous avons pu traduire avec Amankyeld. Malgré l’absence ces derniers jours de notre traductrice on arrive à se comprendre avec notre chauffeur. Beaucoup de gestes, de mimes et de OK ! pour valider tout ça. On devrait être à l’aise pour nos prochaines parties de Time’s up ! Bon n’empêche que l’aéroport d’Ulaangom c’est un des plus petits qu’on est jamais fait dans notre vie et y être trois heures avant un vol c’est long… On est tout seuls. Pas un chat. Pas de personnel; rien, nada. On en profite pour peser nos bagages grâce à la balance qui est à côté du comptoir. On est bien dans les poids demandés, nickel. On ne résiste pas ensuite à se déchausser et à monter sur la balance. Résultats sans appel depuis nos deux mois de voyage : -5kg pour moi et -4kg pour Ambre, et tout ça après le régime carnivore Kazakh. Nous continuons à nous occuper tant bien que mal en attendant que l’aéroport s’agite. Finalement, notre vol se passera mieux qu’à l’aller et nous aurons même l’occasion d’avoir le champion national de Judo à nos côtés. On discute avec le judoka pendant le vol. Il nous montre une photo de son combat contre Teddy Riner qu’il a ….perdu bien sûr …haha. Après avoir remarqué que la largeur d’une de ses cuisses équivaut aux deux miennes plus mes deux bras je m’abstiens de faire un commentaire chauvin. Il est avec une bande de sportifs de sa région et ils rentrent sur UB. Parmi eux, le champion national de Sumo. Avec cette brochette de beaux bébés installés à l’avant l’expression piquer du nez n’a jamais été aussi palpable !  Et après on nous embête à 1 ou 2 kilos près dans notre valise…haha.

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3h avant le décollage … y a pas foule à l’aéroport !
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On dirait pas comme ça mais trois comme lui dans le petit avion ça impose !

A notre arrivée à UB, nous retournons dans la guesthouse Danista que nous apprécions particulièrement. C’est agréable de retourner dans un endroit connu et dans lequel on sait qu’on s’y sent bien. Nous y restons encore trois jours avant de décoller pour Séoul en Corée du Sud.

Le dernier jour, alors que je suis rentré un peu plus tôt à notre guesthouse Ambre fait un saut à la poste centrale. C’est d’ailleurs une des premières fois que l’on se sépare depuis le début de notre périple. A la sortie, alors qu’elle est seule quelque chose vient dans son dos… ou plutôt dans sa poche ! Un pickpocket… Heureusement d’assez bons réflexes pour se retourner à temps et crier. Apparement il a été aussi effrayé et surpris qu’Ambre. Bien fait ! Aucun vol à déclarer mais une belle frousse pour ce dernier jour mongole…

Bien sûr nous ne restons pas sur ce dernier évènement. Nous gardons en tête les paysages, l’accueil chaleureux et sincère des familles nomades, les grands espaces, les longues heures de trajet le nez collé à la vitre, la gastronomie ? et surtout la vie hors du commun des familles que nous avons rencontrées ! C’est avec de belles images en tête et une promesse de revenir que nous continuons notre route, toujours plus à l’Est, direction la Corée du Sud.

Y a quelqu’un ?